LES RISQUES PSYCHOSOCIAUX EN HAUSSE CHEZ LES SALARIÉS

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La crise sanitaire et son lot de répercussions économiques et sociales ont renforcé l’occurrence des risques psychosociaux (RPS) chez les salariés et ont produit des effets sur la santé physique et mentale des salariés et le fonctionnement de l’entreprise (absentéisme, turn-over, ambiance de travail, etc.). Gras Savoye Willis Towers Watson (GSWTW) fait le point sur ces risques.

Selon la loi, l’employeur doit veiller sur la santé et la sécurité de ses collaborateurs en mettant en place des actions de prévention, d’information et de formation. Pour autant, ce rôle s’avère difficile avec le télétravail et l’éloignement physique de l’entreprise imposés par la pandémie. Un rapport récent de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) alertait d’une “fatigue pandémique” et se préoccupait de ses conséquences sur la population (perte de motivation, sentiment de détresse, anxiété, insomnie, voire dépression). Comme l’indique Liliane Spiridon, directrice des assurances de personnes de GSWTW, “la crise actuelle est potentiellement un accélérateur de la prise en compte des risques psycho-sociaux dans l’entreprise car elle a exacerbé les craintes des salariés liés à la maladie ou à la perte d’emploi. De plus, la nécessité d’avoir à maîtriser de nouveaux outils digitaux en un temps record pour que les collaborateurs soient opérationnels dans le télétravail a renforcé cette tendance”. Forte de ce constat, Liliane Spiridon préconise d’aller plus loin dans la prévention et la détection des RPS, ainsi que dans la cartographie de ces risques.

Du point de vue de la santé, une étude menée par GSWTW a évalué le coût du stress entre 2 et 3 Mrds € par an en France. Celle-ci a démontré que c’était chez les professionnels de santé que l’absentéisme avait le plus augmenté depuis un an, sans surprise. Parallèlement, la montée du stress est considérable dans le secteur hôtels-cafés-restaurants (HCR). Rien de surprenant au vu de l’interdiction qui leur est faite d’ouvrir avec l’état d’urgence sanitaire. C’est chez les 30 à 50 ans que l’absentéisme lié à la Covid-19 a le plus augmenté durant les six derniers mois. L’absentéisme est une notion complexe à manier parce qu’au-delà des données démographiques, la dimension personnelle et humaine est à appréhender. En moyenne, GSWTW évalue le coût de l’absentéisme à environ 2 % de la masse salariale d’une entreprise. Afin d’agir contre les RPS et d’éviter une dérive des coûts pour l’entreprise, il est préférable d’adopter une approche globale et d’investir dans la prévention. La nécessité de l’investissement est renforcée par la tendance haussière des tarifs des couvertures prévoyance. En effet, le marché est tendu à cause des taux d’intérêt extrêmement bas qui imposent aux assureurs des réapprovisionnements pour les futurs sinistres mais aussi parce qu’avant la crise, l’absentéisme subissait depuis déjà plusieurs années une évolution à la hausse. Et la crise n’a rien arrangé.

Améliorer l’engagement des salariés

Une autre étude réalisée par le courtier en janvier dernier auprès de 120 responsables des ressources humaines à l’international a révélé que l’amélioration de l’engagement des salariés était la deuxième préoccupation la plus importante des dirigeants d’entreprise, après la croissance du chiffre d’affaires. “Les DRH établissent un lien formel entre la situation anxiogène vécue par leurs collaborateurs depuis le début de la crise et l’absentéisme”, relève Laurent Termignon, directeur de l’activité talents de GSWTW. L’engagement des salariés est remis en cause avec la crise. Une entreprise se doit de soutenir ses salariés. Sinon, leur engagement envers l’entreprise se délite. “La crise a donné une coloration un peu particulière à la dimension de l’engagement vis-à-vis de l’entreprise qui se manifeste par un recul, poursuit Laurent Termignon. Pour preuve, 73 % des salariés préfèrent travailler à domicile plutôt que retourner au bureau car le niveau d’anxiété suscité par le contexte sanitaire demeure très élevé”.
Gwénaëlle Thual, présidente de l’Association française des Aidants, estime que “les confinements ont exacerbé les inégalités entre salariés. Ainsi, des familles ont dû accueillir un proche en situation de handicap qui était en institut médicoéducatif du fait de la fermeture pendant le confinement. C’était plus difficile pour ceux qui avaient des logements exigus et devaient travailler en même temps”. Elle révèle que le phénomène est loin d’être terminé parce qu’une part importante des aidants redoute de se rendre dans les lieux publics, y compris au travail, par crainte de contaminer le proche dont ils s’occupent.

Vaccination COVID en entreprise

Pour ce qui est de la vaccination contre la Covid-19 en entreprise, la question soulève une certaine dualité car, d’un côté, les salariés attendent que leur employeur leur propose mais de l’autre, cet acte a un côté intrusif pour ceux qui ne souhaitent pas être vaccinés.
Au final, “notre vie d’après ne sera plus la même à cause de l’installation du télétravail et du digital dans la sphère professionnelle, énonce Liliane Spiridon. Il faut trouver le bonpositionnement du curseur entre la performance économique et la performance sociale, avec l’adhésion des salariés aux valeurs de l’entreprise car ils se sont posés beaucoup de questions depuis le début de la crise. Cela peut passer, entre autres, par le déploiement d’une écoute psychologique”.

Source : Geneviève Allaire pour Planète CSCA (17 mars 2021)